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Vous savez excuser le feu de la jeunesse.
Un de mes gens la garde au coin de ce détour.

Arnolphe.

Mais comment ferons-nous ? car il fait un peu jour :
Si je la prends ici, l’on me verra peut-être ;
Et s’il faut que chez moi vous veniez à paraître,
Des valets causeront. Pour jouer au plus sûr,
Il faut me l’amener dans un lieu plus obscur.
Mon allée est commode, et je l’y vais attendre.

Horace.

Ce sont précautions qu’il est fort bon de prendre.
Pour moi, je ne ferai que vous la mettre en main,
Et chez moi, sans éclat, je retourne soudain.

Arnolphe, seul.

Ah ! fortune, ce trait d’aventure propice
Répare tous les maux que m’a faits ton caprice !
(Il s’enveloppe le nez de son manteau.)


Scène 3



Agnès, Arnolphe, Horace


Horace.

Ne soyez point en peine où je vais vous mener :
C’est un logement sûr que je vous fais donner.
Vous loger avec moi, ce serait tout détruire :
Entrez dans cette porte et laissez-vous conduire.
(Arnolphe lui prend la main sans qu’elle le reconnaisse.)

Agnès.

Pourquoi me quittez-vous ?

Horace.

Chère Agnès, il le faut.

Agnès.

Songez donc, je vous prie, à revenir bientôt.

Horace.

J’en suis assez pressé par ma flamme amoureuse.

Agnès.

Quand je ne vous vois point, je ne suis point joyeuse.

Horace.

Hors de votre présence, on me voit triste aussi.

Agnès.

Hélas ! s’il était vrai, vous resteriez ici.

Horace.

Quoi ? vous pourriez douter de mon amour extrême !

Agnès.