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J.-B. POQUELIN DE MOLIERE.

Louis XIII ; cette circonstance donne encore à penser que Jean Poquelin se sera fait remplacer, pendant les mois d’avril, mai et juin 1642, par son fils aîné qui avait a survivance de sa charge[1]. »

Quoi qu’il en soit, le 6 janvier 1643, Molière reconnaît par une lettre et par une quittance avoir reçu de son père la somme de six cent trente livres en avance « tant de ce qui lui pouvait appartenir de la succession de sa mère qu’en avancement d’hoirie future de sondit père, qu’il auroit prié et requis de faire pourvoir de ladite charge de tapissier du roi dont il avoit la survivance, tel autre de ses enfants qu’il lui plairoit, et se seroit démis de tout droit qu’il y pourrait prétendre, pour en disposer par sondit père ainsi qu’il verroit bon être[2]. »

Cette fois le futur auteur du Misanthrope a rompu pour toujours avec la profession de sa famille. Il va où son inclination le pousse ; et comme le dit un de ses historiens, Donneau de Visé, il se jette dans la comédie « quoiqu’il se pût bien passer de cette occupation, et qu’il eût assez de bien pour vivre honorablement dans le monde. »

Nous laisserons à l’un des écrivains de notre temps qui connaissent le mieux Molière et qui en parlent avec le plus de charme, à M. Edouard Fournier, le soin de raconter les débuts du grand homme dans la carrière dramatique :

« Il lui fallait un théâtre, et il se chercha des acteurs. Son père mit tout en œuvre pour le détourner de cette résolution. « Il le fit solliciter, dit Perrault, par tout ce qu’il avoit d’amis, promettant, s’il vouloit revenir chez lui, de lui acheter une charge telle qu’il la souhaite-

  1. Recherches, p. 24 et 25.
  2. La lettre et la quittance sont analysées dans l’inventaire après décès de Jean Pocquelin. Elles se trouvaient dans une liasse cotée : Mémoire de ce que j’ai déboursé et payé pour mon fils aîné. Voy. Soulié, Recherches, p. 227.