Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/551

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vos yeux peuvent eux seuls empêcher sa ruine
Et du mal qu’ils ont fait être la médecine.
— Hélas ! volontiers, dis-je ; et puisqu’il est ainsi,

Il peut, tant qu’il voudra, me venir voir ici. »

Arnolphe, à part.

Ah ! sorcière maudite, empoisonneuse d’âmes,
Puisse l’enfer payer tes charitables trames !

Agnès.

Voilà comme il me vit, et reçut guérison.
Vous-même, à votre avis, n’ai-je pas eu raison ?
Et pouvois-je, après tout, avoir la conscience
De le laisser mourir faute d’une assistance,
Moi qui compatis tant aux gens qu’on fait souffrir
Et ne puis, sans pleurer, voir un poulet mourir ?

Arnolphe, bas.

Tout cela n’est parti que d’une âme innocente ;
Et j’en dois accuser mon absence imprudente,
Qui sans guide a laissé cette bonté de mœurs
Exposée aux aguets des rusés séducteurs.
Je crains que le pendard, dans ses vœux téméraires,
Un peu plus fort que jeu n’ait poussé les affaires.

Agnès.

Qu’avez-vous ? Vous grondez, ce me semble, un petit ?
Est-ce que c’est mal fait ce que je vous ai dit ?

Arnolphe.

Non. Mais de cette vue apprenez-moi les suites,