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Arnolphe.

C’est elle aussi, monsieur…Que tous deux on se taise.
Songez à me répondre, et laissons la fadaise.
Hé bien, Alain, comment se porte-t-on ici ?

Alain.

Monsieur, nous nous…

(Arnolphe ôte le chapeau de dessus la tête d’Alain.)

Monsieur, nous nous…Monsieur, nous nous por…

(Arnolphe l’ôte encore.)

Monsieur, nous nous…Monsieur, nous nous por… Dieu merci,
Nous nous…

Arnolphe, Arnolphe ôtant le chapeau de d’Alain pour la troisième fois, et le jetant par terre.

Nous nous…Qui vous apprend, impertinente bête,
À parler devant moi le chapeau sur la tête ?

Alain.

Vous faites bien, j’ai tort[1].

Arnolphe

Vous faites bien, j’ai tort.Faites descendre Agnès.



Scène III.

ARNOLPHE, GEORGETTE.
Arnolphe.

Lorsque je m’en allai, fut-elle triste après ?

Georgette.

Triste ? Non.

Arnolphe.

Triste ? Non.Non ?

Georgette.

Triste ? Non.Non ?Si fait.

Arnolphe.

Triste ? Non.Non ?Si fait.Pourquoi donc… ?

Georgette.

Triste ? Non.Non ? Si fait.Pourquoi donc… ? Oui, je meure.
Elle vous croyoit voir de retour à toute heure ;
Et nous n’oyions jamais passer devant chez nous
Cheval, âne, ou mulet, qu’elle ne prît pour vous.

  1. « Pour la scène d’Alain et de Georgette dans le logis, que quelques-uns ont trouvée longue et froide, il est certain qu’elle n’est pas sans raison ; et de même qu’Arnolphe se trouve attrapé pendant son voyage par la pure innocence de sa maîtresse, il demeure au retour longtemps à sa porte par l’innocence de ses valents, afin qu’il soit puni par les choses dont il a cru faire la sûreté de ses précautions. » (Molière, Critique de l’École des Femmes, scène vii.)