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rien.
Pour moi, je ne crains pas que je vous importune,
Puisque je viens, monsieur, faire votre fortune.
Éraste.
Voici quelque souffleur, de ces gens qui n’ont rien,
Et vous viennent toujours promettre tant de bien.
Vous avez fait, monsieur, cette bénite pierre
Qui peut seule enrichir tous les rois de la terre  ?
Ormin.
La plaisante pensée, hélas  ! Où vous voilà  !
Dieu me garde, monsieur, d’être de ces fous-là  !


Je ne me repais point de visions frivoles,
Et je vous porte ici les solides paroles
D’un avis que pour vous je veux donner au roi,
Et que tout cacheté je conserve sur moi  :
Non de ces sots projets, de ces chimères vaines,
Dont les surintendants ont les oreilles pleines  ;
Non de ces gueux d’avis, dont les prétentions
Ne parlent que de vingt ou trente millions  ;
Mais un qui, tous les ans, à si peu qu’on le monte,
En peut donner au roi quatre cents de bon conte,
Avec facilité, sans risque, ni soupçon,
Et sans fouler le peuple en aucune façon  :
Enfin c’est un avis d’un gain inconcevable,
Et que du premier mot on trouvera faisable.
Oui, pourvu que par vous je puisse être poussé...
Éraste.
Soit, nous en parlerons. Je suis un peu pressé.
Ormin.
Si vous me promettiez de garder le silence,
Je vous découvrirois cet avis d’importance.
Éraste.
Non, non, je ne veux point savoir votre secret.
Ormin.
Monsieur, pour le trahir, je vous crois trop discret,
Et veux, avec franchise, en deux mots vous l’apprendre.
Il faut voir si quelqu’un ne peut point nous entendre.
Cet avis merveilleux, dont je suis l’inventeur,
Est que...