Moi, qui dans toute chose ai, depuis son enfance,
Montré toujours pour elle entière complaisance,
Et qui cent fois ai fait des protestations
De ne jamais gêner ses inclinations ?
Sganarelle
Enfin vos propres yeux jugeront de l’affaire.
J’ai fait venir déjà commissaire et notaire :
Nous avons intérêt que l’hymen prétendu
Répare sur-le-champ l’honneur qu’elle a perdu ;
Car je ne pense pas que vous soyez si lâche,
De vouloir l’épouser avecque cette tache,
Si vous n’avez encor quelques raisonnements
Pour vous mettre au-dessus de tous les bernements.
Ariste
Moi je n’aurai jamais cette foiblesse extrême
De vouloir posséder un coeur malgré lui-même.
Mais je ne saurais croire enfin…
Sganarelle
Que de discours !
Allons : ce procès-là continuerait toujours.
Scène 6
Le commissaire
Il ne faut mettre ici nulle force en usage,
Messieurs ; et si vos voeux ne vont qu’au mariage,
Vos transports en ce lieu se peuvent apaiser.
Tous deux également tendent à s’épouser ;
Et Valère déjà, sur ce qui vous regarde,
A signé que pour femme il tient celle qu’il garde.
Ariste
La fille…
Le commissaire
Est renfermée, et ne veut point sortir
Que vos desirs aux leurs ne veuillent consentir.
Scène 7
Valère, à la fenêtre.
Non, messieurs ; et personne ici n’aura l’entrée
Que cette volonté ne m’ait été montrée.