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L’amour rend inventif ; mais vous ne l’êtes guère,
Et si j’avais été…

Valère
Mais qu’aurois-tu pu faire,
Puisque sans ce brutal on ne la voit jamais,
Et qu’il n’est là dedans servantes ni valets
Dont, par l’appas flatteur de quelque récompense,
Je puisse pour mes feux ménager l’assistance ?

Ergaste
Elle ne sait donc pas encor que vous l’aimez ?

Valère
C’est un point dont mes voeux ne sont point informés.
Partout où ce farouche a conduit cette belle,
Elle m’a toujours vu comme une ombre après elle,
Et mes regards aux siens ont tâché chaque jour
De pouvoir expliquer l’excès de mon amour.
Mes yeux ont fort parlé ; mais qui me peut apprendre
Si leur langage enfin a pu se faire entendre ?

Ergaste
Ce langage, il est vrai, peut être obscur parfois,
S’il n’a pour truchement l’écriture ou la voix.

Valère
Que faire pour sortir de cette peine extrême,
Et savoir si la belle a connu que je l’aime ?
Dis-m’en quelque moyen.

Ergaste
C’est ce qu’il faut trouver.
Entrons un peu chez vous, afin d’y mieux rêver.