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DU THÉÂTRE EN FRANCE

cier, dans la comédie historique, obtinrent de légitimes succès ; Désaugiers, Piis, Radet, Chazet, Desfontaines, formèrent un groupe de vaudevillistes très-spirituels, et les Jocrisses de Dorvigny peuvent soutenir la comparaison avec ce qui s’est fait de mieux dans le genre de la bêtise amusante.

La plupart des auteurs qui travaillaient pour la comédie et le vaudeville, travaillèrent aussi pour l’Opéra-Comique et le Grand-Opéra. Dalayrac, Cherubini, Berton, Della Maria, Nicolo, Spontini, Lesueur, Méhul, jetèrent sur ces théâtres le plus vif éclat. Dans un genre tout différent, Pixérécourt créa par le mélodrame de véritables tragédies populaires ; et le mélodrame, il faut le reconnaître, eut, sous la plume de cet habile dramaturge, une influence heureuse, parce qu’il sut toujours le maintenir dans une excellente voie morale. La tragédie classique ne fut pas non plus déshéritée. Esprit souvent bizarre, mais inventif et puissant, Lemercier, dans Agamemnon, fit entendre comme un dernier écho du drame antique, et Raynouard, par les Templiers (1805), se fit une place à part dans l’école cornélienne. Le Marius à Minturnes, d’Arnault ; l’Hector, de Luce de Lancival, et l’Artaxerce de Delrieu, offrirent aussi dans le classicisme pur des qualités distinguées. Quant aux acteurs, ils se montrèrent dignes des grandes traditions de l’école dramatique du dix-huitième siècle. Il suffit de nommer Fleury, Grandménil, les deux Baptiste, Michot, mesdemoiselles Duchesnoy, Georges, Leverd, et à leur tête mademoiselle Mars et Talma. Mais ce n’est pas seulement comme acteur que ce dernier doit occuper une place à part dans l’histoire du Théâtre français, c’est aussi comme réformateur du costume et de la mise en scène.

Dans les premières années de la restauration, le Théâtre resta, à peu de chose près, ce qu’il était sous l’empire. La tragédie classique se continua par Lebrun, Soumet, Ancelot, d’Avrigny, de Jouy, Arnault fils, jusqu’au moment où Casimir Delavigne vint la rajeunir par un mouvement de scène plus animé et la simplicité d’un style élégant et pur. Novateur encore timide, mais toujours applaudi parce qu’il exprimait de nobles sentiments dans un noble langage, Dela-