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Prince, prends garde au moins qu’un aveugle caprice
Ne te conduise ici dans quelque précipice ;
Et que de ton esprit les désordres puissants
Ne donnent un peu trop au rapport de tes sens.
Consulte ta raison, prends sa clarté pour guide,
Vois si de tes soupçons l’apparence est solide,
Ne démens pas leur voix, mais aussi garde bien
Que pour les croire trop, ils ne t’imposent rien ;
Qu’à tes premiers transports ils n’osent trop permettre,
Et relis posément cette moitié de lettre.
Ha ! qu’est-ce que mon cœur, trop digne de pitié,
Ne voudrait pas donner pour son autre moitié !
Mais après tout que dis-je ? il suffit bien de l’une,
Et n’en voilà que trop pour voir mon infortune.

"Quoique votre rival…
Vous devez toutefois vous…
Et vous avez en vous à…
L’obstacle le plus grand…

"Je chéris tendrement ce…
Pour me tirer des mains de…
Son amour, ses devoirs…
Mais il m’est odieux, avec…

"Ôtez donc à vos feux ce…
Méritez les regards que l’on…
Et lorsqu’on vous oblige…
Ne vous obstinez point à…"

Oui, mon sort par ces mots est assez éclairci,
Son cœur comme sa main se fait connaître ici ;
Et les sens imparfaits de cet écrit funeste
Pour s’expliquer à moi n’ont pas besoin du reste.
Toutefois dans l’abord agissons doucement,
Couvrons à l’infidèle un vif ressentiment ;
Et de ce que je tiens ne donnant point d’indice,
Confondons son esprit par son propre artifice.