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Je ne réplique point à ce qu’un maître ordonne.



===Scène VIII===

Lélie
, seul.

Non non, à trop de peur mon âme s’abandonne,
Le père m’a promis et la fille a fait voir
Des preuves d’un amour qui soutient mon espoir.



===Scène IX===

Sganarelle, Lélie.


Sganarelle

Nous l’avons, et je puis voir à l’aise la trogne
Du malheureux pendard qui cause ma vergogne.
Il ne m’est point connu.

Lélie
, à part.

Il ne m'est point connu. Dieu ! qu’aperçois-je ici,
Et si c’est mon portrait, que dois-je croire aussi.

Sganarelle
continue.

Ah ! pauvre Sganarelle, à quelle destinée
Ta réputation est-elle condamnée,
(Apercevant Lélie qui le regarde, il se retourne d’un autre côté.)
Faut…

Lélie
, à part.

Faut… Ce gage ne peut sans alarmer ma foi,
Être sorti des mains qui le tenaient de moi.

Sganarelle

Faut-il que désormais à deux doigts l’on te montre,
Qu’on te mette en chansons, et qu’en toute rencontre,
On te rejette au nez le scandaleux affront
Qu’une femme mal née imprime sur ton front.

Lélie
, à part.

Me trompé-je.

Sganarelle

Me trompé-je ? Ah ! truande, as-tu bien le courage
De m’avoir fait cocu dans la fleur de mon âge,
Et femme d’un mari qui peut passer pour beau,
Faut-il qu’un marmouset, un maudit étourneau.

Lélie
, à part, et regardant encore son portrait.

Je ne m’abuse point, c’est mon portrait lui-même.

{{Personnage|Sganarelle|