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Et dois auparavant consulter s’il vous plaît.
Informé du grand bien qui lui tombe en partage,
Dois-je prendre le soin d’en savoir davantage,
Et cet époux ayant vingt mille bons ducats,
Pour être aimé de vous doit-il manquer d’appas.
Allez tel qu’il puisse être avecque cette somme,
Je vous suis caution qu’il est très honnête homme.

Célie

Hélas !

Gorgibus

Hélas ! Eh bien, hélas ! que veut dire ceci,
Voyez le bel hélas ! qu’elle nous donne ici.
Hé ! que si la colère une fois me transporte,
Je vous ferai chanter hélas ! de belle sorte.
Voilà, voilà le fruit de ces empressements
Qu’on vous voit nuit et jour à lire vos romans,
De quolibets d’amour votre tête est remplie,
Et vous parlez de Dieu, bien moins que de Clélie.
Jetez-moi dans le feu tous ces méchants écrits
Qui gâtent tous les jours tant de jeunes esprits,
Lisez-moi comme il faut au lieu de ces sornettes
Les Quatrains de Pibrac, et les doctes Tablettes
Du conseiller Matthieu, ouvrage de valeur
Et plein de beaux dictons à réciter par cœur.
La Guide des pécheurs est encore un bon livre ;
C’est là qu’en peu de temps on apprend à bien vivre,
Et si vous n’aviez lu que ces moralités,
Vous sauriez un peu mieux suivre mes volontés.

Célie

Quoi vous prétendez donc mon père, que j’oublie
La constante amitié que je dois à Lélie,
J’aurais tort si sans vous je disposais de moi ;
Mais vous-même à ses vœux engageâtes ma foi.

Gorgibus

Lui fût-elle engagée encore davantage,
Un autre est survenu dont le bien l’en dégage.