Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/334

Cette page n’a pas encore été corrigée

SGANARELLE,
OU
LE COCU IMAGINAIRE,

COMÉDIE EN UN ACTE.
1660.


NOTICE.


De toutes les pièces de Molière, Sganarelle est celle qui a donné lieu aux jugements les plus contradictoires. Nous allons, pour le blâme comme pour l’éloge, rapporter quelques-uns de ces jugements. Suivant M. Taschereau, qui résume les plus importantes critiques, « on retrouve dans Sganarelle ou le Cocu imaginaire quelques traits assez fidèles des mœurs des petits bourgeois de ce temps, qui, aimant bien leurs femmes, les battaient mieux encore. Mais quelle intention morale peut-on supposer à sauteur ? Quel travers, quel défaut, quel vice a-t-il eu dessein de signaler, de corriger ou de punir ? Nous ne le devinons pas ; à moins cependant que la moralité de la pièce ne soit renfermée dans ces deux vers aux maris trompés :

Quel mal cela fait-il ? La jambe en devient-elle
Plus tortue, après tout, et la taille moins belle ?

Et, dans ce cas, Molière, que nous verrons si malheureux de ses infortunes conjugales, Molière, qui, pour nous servir l'image plaisante de La Fontaine, en mettait son bonnet

moins aisément que de coutume,

eût bien dû se persuader tout le premier ce qu’il cherchait à faire croire aux autres. Mais non, il n’eut évidemment d’autre but que celui de faire rire ; et il était difficile, à la vérité, de le mieux atteindre. Néanmoins, on regrette que ce soit fréquemment aux dépens de la vérité. Le personnage de Sganarelle est