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Ces messieurs ont eu fantaisie de nous donner les âmes des pieds ; et nous vous avons envoyé querir pour remplir les vides de notre assemblée.

Lucile

Vous nous avez obligées, sans doute.

Mascarille

Ce n’est ici qu’un bal à la hâte ; mais l’un de ces jours nous vous en donnerons un dans les formes. Les violons sont-ils venus ?

Almanzor

Oui, Monsieur ; ils sont ici.

Cathos

Allons donc, mes chères, prenez place.

Mascarille, dansant lui seul comme par prélude.

La, la, la, la, la, la, la, la.

Magdelon

Il a tout à fait la taille élégante.

Cathos

Et a la mine de danser proprement[1].

Mascarille, ayant pris Madelon pour danser.

Ma franchise va danser la courante aussi bien que mes pieds. En cadence, violons ; en cadence. Oh ! quels ignorants ! Il n’y a pas moyen de danser avec eux. Le diable vous emporte ! ne sauriez-vous jouer en mesure ? La, la, la, la, la, la, la, la. Ferme. O violons de village !

Jodelet, dansant ensuite.

Holà ! ne pressez pas si fort la cadence : je ne fais que sortir de maladie.



Scène XIV

Du Croisy, La Grange, Cathos, Madelon, Lucile, Célimène, Jodelet, Mascarille, Marotte, violons.
La Grange, un bâton à la main.

Ah ! ah ! coquins ! que faites-vous ici ? Il y a trois heures que nous vous cherchons.

  1. Danser proprement, pour bien danser. Cette expression est devenue d'un usage vulgaire