Je les aime aussi ; mais je veux que l’esprit assaisonne la bravoure.
Te souvient-il, vicomte, de cette demi-lune que nous emportâmes sur les ennemis au siége d’Arras[1] ?
Que veux-tu dire avec ta demi-lune ? C’étoit bien une lune toute entière.
Je pense que tu as raison.
Il m’en doit bien souvenir, ma foi ! j’y fus blessé à la jambe d’un coup de grenade, dont je porte encore les marques. Tâtez un peu, de grâce, vous sentirez quelque coup, c’étoit là.
Il est vrai que la cicatrice est grande.
Donnez-moi un peu votre main, et tâtez celui-ci ; là, justement au derrière de la tête. Y êtes-vous ?
Oui : je sens quelque chose.
C’est un coup de mousquet que je reçus la dernière campagne que j’ai faite.
Voici un autre coup qui me perça de part en part à l’attaque de Gravelines[2].
Je vais vous montrer une furieuse plaie.
Il n’est pas nécessaire : nous le croyons sans y regarder.
Ce sont des marques honorables qui font voir ce qu’on est.
Nous ne doutons point de ce que vous êtes.
Vicomte, as-tu là ton carrosse ?