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PRÉCIS DE L’HISTOIRE

chiens, les Enfants sans souci, les Cornards ou Conards, les Enfants de la Mère Sotte.

Les Basochiens, qui existaient déjà en 1303, étaient à Paris des clercs du Palais, et en province des étudiants de l’Université, dirigés par le roi de la Basoche. Comme ils s’attaquaient aux classes les plus élevées, il leur fut à différentes reprises ordonné de cesser leurs représentations, et l’on peut dire qu’ils provoquèrent le premier établissement de la censure dramatique.

Les Enfants sans souci, dirigés par le Prince des Sots, se recrutaient en général parmi les fils des riches bourgeois. Leur théâtre, sur lequel figura longtemps Pierre Gringore, était situé dans les Halles de Paris. Il existait aussi dans quelques villes de province, sous le nom de Cornards, Enfants de la Mère Folle, de l’abbé Maugouverne, etc., des associations burlesques qui donnaient leurs représentations dans les rues, et défrayaient leur répertoire avec des chroniques scandaleuses[1].

Tandis que toutes ces associations égayaient les villes de la province, les Confrères de la Passion, qui s’étaient établis à Paris en 1398, continuaient d’édifier la capitale par la représentation des drames sacrés. Ces confrères, qui sont notre première troupe d’acteurs et les fondateurs de notre premier théâtre, s’élablirent d’abord à Saint-Maur, puis en 1402 à Paris, dans l’hôpital de la Trinité. Leur théâtre était placé sous la sauvegarde royale et la surveillance de sergents nommés par le prévôt de Paris. Les représentations avaient lieu les dimanches et fêtes de midi à cinq heures, et le prix des places était fixé à deux sous. Cet établissement permanent, desservi par des acteurs de profession, est du reste un fait exceptionnel, et en suivant sur les divers points de la France l’histoire des représentations dramatiques, on reconnaît qu’il est impossible de déterminer

  1. L’une des fêtes les plus bizarres du moyen âge, était à Lyon celle du Cheval fou. On habillait un homme avec les attributs de la royauté, depuis la tête jusqu’à la ceinture ; et depuis la ceinture jusqu’aux pieds on le déguisait en cheval. Cet homme, entouré de musiciens et de populace, courait la ville en faisant des folies. Cette fête avait été instituée en mémoire de la sagesse d’un quartier de la ville qui n’avait pas pris part à une sédition populaire. (Clerjon, Hist. de Lyon, t. III, p. 431.)