Non, non, je ne veux pas songer à m’en défendre ;
Et si cette aventure a lieu de me surprendre,
La surprise me flatte, et je me sens saisir
De merveille à la fois, d’amour et de plaisir.
Se peut-il que ces yeux… ?
Cet habit, cher Valère,
Souffre mal les discours que vous lui pourriez faire.
Allons lui faire en prendre un autre ; et cependant
Vous saurez le détail de tout cet incident.
Vous, Lucile, pardon, si mon âme abusée…
L’oubli de cette injure est une chose aisée.
Allons, ce compliment se fera bien chez nous,
Et nous aurons loisir de nous en faire tous.
Mais vous ne songez pas, en tenant ce langage,
Qu’il reste encor ici des sujets de carnage :
Voilà bien à tous deux notre amour couronné ;
Mais de son Mascarille et de mon Gros-René,
Par qui doit Marinette être ici possédée ?
Il faut que par le sang l’affaire soit vuidée.
Nenni, nenni : mon sang dans mon corps sied trop bien.
Qu’il l’épouse en repos, cela ne me fait rien :
De l’humeur que je sais la chère Marinette,
L’hymen ne ferme pas la porte à la fleurette.
Et tu crois que de toi je ferois mon galant ?
Un mari, passe encor : tel qu’il est, on le prend ;
On n’y va pas chercher tant de cérémonie.
Mais il faut qu’un galant soit fait à faire envie.
Écoute : quand l’hymen aura joint nos deux peaux,
Je prétends qu’on soit sourde à tous les damoiseaux.