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Scène V, 5




Polydore

Approchez-vous, ma fille : un tel nom m’est permis,
Et j’ai su le secret que cachoient ces habits.
Vous avez fait un trait qui, dans sa hardiesse,
Fait briller tant d’esprit et tant de gentillesse,
Que je vous en excuse, et tiens mon fils heureux
Quand il saura l’objet de ses soins amoureux :
Vous valez tout un monde, et c’est moi qui l’assure.
Mais le voici : prenons plaisir de l’aventure.
Allez faire venir tous vos gens promptement.

Ascagne

Vous obéir sera mon premier compliment.




Scène V, 6




Mascarille

Les disgrâces souvent sont du ciel révélées :
J’ai songé cette nuit de perles défilées,
Et d’œufs cassés : monsieur, un tel songe m’abat.

Valère

Chien de poltron !

Polydore

Valère, il s’apprête un combat
Où toute ta valeur te sera nécessaire :
Tu vas avoir en tête un puissant adversaire.

Mascarille

Et personne, monsieur, qui se veuille bouger
Pour retenir des gens qui se vont égorger !
Pour moi, je le veux bien ; mais au moins s’il arrive
Qu’un funeste accident de votre fils vous prive,
Ne m’en accusez point.

Polydore

Non, non : en cet endroit
Je le pousse moi-même à faire ce qu’il doit.

Mascarille

Père dénaturé !

Valère

Ce sentiment, mon père,
Est d’un homme de cœur, et je vous en révère.
J’ai