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Ou quelque Ferragu ? C’est fort mal me connoître.
Quand je viens à songer, moi qui me suis si cher,
Qu’il ne faut que deux doigts d’un misérable fer
Dans le corps, pour vous mettre un humain dans la bière,
Je suis scandalisé d’une étrange manière.
-— Mais tu seras armé de pied en cap. —— Tant pis :
J’en serai moins léger à gagner le taillis ;
Et de plus, il n’est point d’armure si bien jointe
Où ne puisse glisser une vilaine pointe.
-— Oh ! Tu seras ainsi tenu pour un poltron.
-— Soit, pourvu que toujours je branle le menton :
À table comptez-moi, si vous voulez, pour quatre ;
Mais comptez-moi pour rien s’il s’agit de se battre.
Enfin, si l’autre monde a des charmes pour vous,
Pour moi, je trouve l’air de celui-ci fort doux ;
Je n’ai pas grande faim de mort ni de blessure,
Et vous ferez le sot tout seul, je vous assure ».

V, 2


Valère

Je n’ai jamais trouvé de jour plus ennuyeux :
Le soleil semble s’être oublié dans les cieux ;
Et jusqu’au lit qui doit recevoir sa lumière
Je vois rester encore une telle carrière,
Que je crois que jamais il ne l’achèvera
Et que de sa lenteur mon âme enragera.

Mascarille

Et cet empressement pour s’en aller dans l’ombre
Pêcher vite à tâtons quelque sinistre encombre !
Vous voyez que Lucile, entière en ses rebuts…

Valère

Ne me fais point ici de contes superflus.
Quand j’y devrois trouver cent embûches mortelles,
Je sens de son courroux des gênes trop cruelles,
Et je veux l’adoucir, ou terminer mon sort :
C’est un point résolu.

Mascarille