Met en jeu mon honneur, et fait ce conte indigne ?
Seigneur Albert, prenez un ton un peu plus doux,
Et contre votre gendre ayez moins de courroux.
Comment gendre, coquin ? Tu portes bien la mine
De pousser les ressorts d’une telle machine,
Et d’en avoir été le premier inventeur.
Je ne vois ici rien à vous mettre en fureur.
Trouves-tu beau, dis-moi, de diffamer ma fille,
Et faire un tel scandale à toute une famille ?
Le voilà prêt de faire en tout vos volontés.
Que voudrois-je sinon qu’il dît des vérités ?
Si quelque intention le pressoit pour Lucile,
La recherche en pouvoit être honnête et civile :
Il falloit l’attaquer du côté du devoir,
Il falloit de son père implorer le pouvoir,
Et non pas recourir à cette lâche feinte,
Qui porte à la pudeur une sensible atteinte.
Quoi ? Lucile n’est pas sous des liens secrets
À mon maître ?
Non, traître, et n’y sera jamais.
Tout doux ! Et s’il est vrai que ce soit chose faite,
Voulez-vous l’approuver, cette chaîne secrète ?
Et s’il est constant, toi, que cela ne soit pas,
Veux-tu te voir casser les jambes et les bras ?
Monsieur, il est aisé de vous faire paroître
Qu’il dit vrai.
Bon ! Voilà l’autre encor, digne maître
D’un semblable valet ! Oh ! Les menteurs hardis !