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Vous me fendez le cœur avec cette bonté.

Polydore

Vous me rendez confus de tant d’humilité.

Albert

Pardon, encore un coup.

Polydore

Hélas ! Pardon vous-même.

Albert

J’ai de cette action une douleur extrême.

Polydore

Et moi, j’en suis touché de même au dernier point.

Albert

J’ose vous convier qu’elle n’éclate point.

Polydore

Hélas ! Seigneur Albert, je ne veux autre chose.

Albert

Conservons mon honneur.

Polydore

Hé ! Oui, je m’y dispose.

Albert

Quant au bien qu’il faudra, vous-même en résoudrez.

Polydore

Je ne veux de vos biens que ce que vous voudrez :
De tous ces intérêts je vous ferai le maître ;
Et je suis trop content si vous le pouvez être.

Albert

Hé ! Quel homme de Dieu ! Quel excès de douceur !

Polydore

Quelle douceur, vous-même : après un tel malheur !

Albert

Que puissiez-vous avoir toutes choses prospères !

Polydore

Le bon Dieu vous maintienne !

Albert

Embrassons-nous en frères.

Polydore

J’y consens de grand cœur, et me réjouis fort
Que tout soit terminé par un heureux accord.