Je veuxpoursuivre aussi ;
Mais ne poursuivez point, vous, d’interrompre ainsi.
Donc, encore une fois, maître (c’est la troisième),
Mon fils me rend chagrin ; vous savez que je l’aime,
Et que soigneusement je l’ai toujours nourri.
Il est vrai : filio non potest praeferri
Nisi filius.
Maître, en discourant ensemble,
Ce jargon n’est pas fort nécessaire, me semble.
Je vous crois grand latin et grand docteur juré :
Je m’en rapporte à ceux qui m’en ont assuré ;
Mais dans un entretien qu’avec vous je destine
N’allez point déployer toute votre doctrine,
Faire le pédagogue, et cent mots me cracher,
Comme si vous étiez en chaire pour prêcher.
Mon père, quoiqu’il eût la tête des meilleures,
Ne m’a jamais rien fait apprendre que mes heures,
Qui depuis cinquante ans dites journellement
Ne sont encor pour moi que du haut allemand.
Laissez donc en repos votre science auguste,
Et que votre langage à mon foible s’ajuste.
Soit.
À mon fils, l’hymen semble lui faire peur,
Et sur quelque parti que je sonde son cœur,
Pour un pareil lien il est froid, et recule.
Peut-être a-t-il l’humeur du frère de Marc Tulle,
Dont avec Atticus le même fait sermon ;
Et comme aussi les Grecs disent : « atanaton… »
Mon Dieu ! Maître éternel, laissez là, je vous prie,
Les Grecs, les Albanois, avec l’Esclavonie,
Et tous ces autres gens dont vous venez parler :
Eux et mon fils n’ont rien ensemble à démêler.