Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/244

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour moi le même sentiment,
Que pareille chaleur d’amitié vous transporte,
Et que si j’étois fille, une flamme plus forte
N’outrageroit point celle où je vivrois pour vous.

Valère

Je n’avois jamais vu ce scrupule jaloux ;
Mais, tout nouveau qu’il est, ce mouvement m’oblige,
Et je vous fais ici tout l’aveu qu’il exige.

Ascagne


Mais sans fard ?

Valère

Oui, sans fard.

Ascagne


S’il est vrai, désormais
Vos intérêts seront les miens, je vous promets.

Valère

J’ai bientôt à vous dire un important mystère,
Où l’effet de ces mots me sera nécessaire.

Ascagne


Et j’ai quelque secret de même à vous ouvrir,
Où votre cœur pour moi se pourra découvrir.

Valère

Hé ! De quelle façon cela pourroit-il être ?

Ascagne


C’est que j’ai de l’amour qui n’oseroit paroître ;
Et vous pourriez avoir sur l’objet de mes vœux
Un empire à pouvoir rendre mon sort heureux.

Valère

Expliquez-vous, Ascagne, et croyez, par avance,
Que votre heur est certain, s’il est en ma puissance.

Ascagne


Vous promettez ici plus que vous ne croyez.

Valère

Non, non : dites l’objet pour qui vous m’employez.

Ascagne


Il n’est pas encor temps ; mais c’est une personne
Qui vous touche de près.

Valère