Ha ! Monsieur, serviteur.
Vous nous fuyez bien vite ! Hé quoi ? Vous fais-je peur ?
Je ne crois pas cela de votre courtoisie.
Touche : nous n’avons plus sujet de jalousie ;
Nous devenons amis, et mes feux, que j’éteins,
Laissent la place libre à vos heureux desseins.
Plût à Dieu !
Gros-René sait qu’ailleurs je me jette.
Sans doute, et je te cède aussi la Marinette.
Passons sur ce point-là : notre rivalité
N’est pas pour en venir à grande extrémité.
Mais est-ce un coup bien sûr que votre seigneurie
Soit désenamourée, ou si c’est raillerie ?
J’ai su qu’en ses amours ton maître étoit trop bien ;
Et je serois un fou de prétendre plus rien
Aux étroites faveurs qu’il a de cette belle.
Certes vous me plaisez avec cette nouvelle.
Outre qu’en nos projets je vous craignois un peu,
Vous tirez sagement votre épingle du jeu.
Oui, vous avez bien fait de quitter une place
Où l’on vous caressoit pour la seule grimace ;
Et mille fois, sachant tout ce qui se passoit,
J’ai plaint le faux espoir dont on vous repaissoit :
On offense un brave homme alors que l’on l’abuse.
Mais d’où diantre, après tout, avez-vous su la ruse ?
Car cet engagement mutuel de leur foi
N’eut pour témoins, la nuit, que deux autres et moi ;
Et l’on croit jusqu’ici la chaîne fort secrète,
Qui rend de nos amants la flamme satisfaite.