Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée


Valère

Il est très-naturel, et j’en suis bien de même :
Le plus parfait objet dont je serois charmé
N’auroit pas mes tributs, n’en étant point aimé.

Éraste

Lucile cependant…

Valère

Lucile, dans son âme,
Rend tout ce que je veux qu’elle rende à ma flamme.

Éraste

Vous êtes donc facile à contenter ?

Valère

Pas tant
Que vous pourriez penser.

Éraste

Je puis croire pourtant,
Sans trop de vanité, que je suis en sa grâce.

Valère

Moi, je sais que j’y tiens une assez bonne place.

Éraste

Ne vous abusez point, croyez-moi.

Valère

Croyez-moi,
Ne laissez point duper vos yeux à trop de foi.

Éraste

Si j’osois vous montrer une preuve assurée
Que son cœur… Non : votre âme en seroit altérée.

Valère

Si je vous osois, moi, découvrir en secret…
Mais je vous fâcherois, et veux être discret.

Éraste

Vraiment, vous me poussez, et contre mon envie,
Votre présomption veut que je l’humilie.
Lisez.

Valère

Ces mots sont doux.

Éraste

Vous connoissez la main ?

Valère

Oui, de Lucile.