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Et d’avancer par là les desseins d’un rival :
Au mérite souvent de qui l’éclat vous blesse
Vos chagrins font ouvrir les yeux d’une maîtresse ;
Et j’en sais tel qui doit son destin le plus doux
Aux soins trop inquiets de son rival jaloux ;
Enfin, quoi qu’il en soit, témoigner de l’ombrage,
C’est jouer en amour un mauvais personnage,
Et se rendre, après tout, misérable à crédit :
Cela, seigneur Éraste, en passant vous soit dit.

Éraste

Eh bien ! N’en parlons plus. Que venois-tu m’apprendre ?

Marinette

Vous mériteriez bien que l’on vous fît attendre,
Qu’afin de vous punir je vous tinsse caché
Le grand secret pourquoi je vous ai tant cherché.
Tenez, voyez ce mot, et sortez hors de doute :
Lisez-le donc tout haut, personne ici n’écoute.

Éraste, lit.

« Vous m’avez dit que votre amour
Étoit capable de tout faire :
Il se couronnera lui-même dans ce jour,
S’il peut avoir l’aveu d’un père.
Faites parler les droits qu’on a dessus mon cœur ;
Je vous en donne la licence ;
Et si c’est en votre faveur,
Je vous réponds de mon obéissance. »
Ah ! Quel bonheur ! ô toi, qui me l’as apporté,
Je te dois regarder comme une déité.

Gros-René

Je vous le disois bien : contre votre croyance,
Je ne me trompe guère aux choses que je pense.

Éraste, lit.

« Faites parler les droits qu’on a dessus mon cœur ;
Je vous en donne la licence ;
Et si c’est en votre faveur,
Je vous réponds de mon obéissance. »

Marinette

Si je lui rapportois vos foiblesses d’esprit,
Elle désavoueroit bientôt un tel écrit.