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Éraste

Ma maîtresse, en un mot.Ah ! Chère Marinette,
Ton discours de son cœur est-il bien l’interprète ?
Ne me déguise point un mystère fatal ;
Je ne t’en voudrai pas pour cela plus de mal :
Au nom des dieux, dis-moi si ta belle maîtresse
N’abuse point mes vœux d’une fausse tendresse.

Marinette

Hé ! Hé ! D’où vous vient donc ce plaisant mouvement ?
Elle ne fait pas voir assez son sentiment !
Quel garant est-ce encor que votre amour demande ?
Que lui faut-il ?

Gros-René


Que lui faut-il ?À moins que Valère se pende,
Bagatelle ! Son cœur ne s’assurera point.

Marinette

Comment ?

Gros-René

Comment ?Il est jaloux jusques en un tel point.

Marinette

De Valère ? Ah ! Vraiment la pensée est bien belle !
Elle peut seulement naître en votre cervelle.
Je vous croyois du sens, et jusqu’à ce moment
J’avois de votre esprit quelque bon sentiment ;
Mais, à ce que je vois, je m’étois fort trompée.
Ta tête de ce mal est-elle aussi frappée ?


Gros-René

Moi, jaloux ? Dieu m’en garde, et d’être assez badin
Pour m’aller emmaigrir avec un tel chagrin !
Outre que de ton cœur ta foi me cautionne,
L’opinion que j’ai de moi-même est trop bonne
Pour croire auprès de moi que quelqu’autre te plût.
Où diantre pourrois-tu trouver qui me valût ?

Marinette

En effet, tu dis bien, voilà comme il faut être :
Jamais de ces soupçons qu’un jaloux fait paroître !
Tout le fruit qu’on en cueille est de se mettre mal,