Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

Jamais, certes, jamais plus beau commencement
N’eut en si peu de temps plus triste événement.


Scène 14


Lélie, riant, Mascarille

Mascarille

Quel beau transport de joie à présent vous inspire ?

Lélie

Laisse-m’en rire encore avant que te le dire.

Mascarille

Çà, rions donc bien fort, nous en avons sujet.

Lélie

Ah ! je ne serai plus de tes plaintes l’objet.
Tu ne me diras plus, toi qui toujours me cries,
Que je gâte en brouillon toutes tes fourberies :
J’ai bien joué moi-même un tour des plus adroits.
Il est vrai, je suis prompt, et m’emporte parfois ;
Mais pourtant, quand je veux, j’ai l’imaginative
Aussi bonne, en effet, que personne qui vive ;
Et toi-même avoueras que ce que j’ai fait, part
D’une pointe d’esprit où peu de monde a part.

Mascarille

Sachons donc ce qu’a fait cette imaginative.

Lélie

Tantôt, l’esprit ému d’une frayeur bien vive,
D’avoir vu Trufaldin avecque mon rival,
Je songeais à trouver un remède à ce mal,
Lorsque, me ramassant tout entier en moi-même,
J’ai conçu, digéré, produit un stratagème
Devant qui tous les tiens, dont tu fais tant de cas,
Doivent, sans contredit, mettre pavillon bas.

Mascarille

Mais qu’est-ce ?