D’où peut donc provenir ce bizarre transport ?
Dites-moi de bien loin quel sujet vous amène.
Si pour me dire adieu vous prenez tant de peine,
C’est trop de courtoisie, et véritablement
Je me serais passé de votre compliment.
Si votre âme est en peine, et cherche des prières,
Las ! je vous en promets ; et ne m’effrayez guères !
Foi d’homme épouvanté, je vais faire à l’instant
Prier tant Dieu pour vous que vous serez content.
Disparaissez donc, je vous prie,
Et que le ciel, par sa bonté,
Comble de joie et de santé
Votre défunte seigneurie !
Malgré tout mon dépit, il m’y faut prendre part.
Las ! pour un trépassé vous êtes bien gaillard.
Est-ce jeu, dites-nous, ou bien si c’est folie,
Qui traite de défunt une personne en vie ?
Hélas ! vous êtes mort, et je viens de vous voir.
Quoi ! j’aurais trépassé sans m’en apercevoir ?
Sitôt que Mascarille en a dit la nouvelle,
J’en ai senti dans l’âme une douleur mortelle.
Mais, enfin, dormez-vous ? êtes-vous éveillé ?
Me connaissez-vous pas ?
D’un corps aérien qui contrefait le vôtre,
Mais qui dans un moment peut devenir tout autre.
Je crains fort de vous voir comme un géant grandir,
Et tout votre visage affreusement laidir.
Pour Dieu ! ne prenez point de vilaine figure ;
J’ai prou de ma frayeur en cette conjoncture.