ACTE II
Scène 1
À vos désirs enfin il a fallu se rendre :
Malgré tous mes serments, je n’ai pu m’en défendre,
Et pour vos intérêts, que je voulais laisser,
En de nouveaux périls viens de m’embarrasser.
Je suis ainsi facile ; et si de Mascarille
Madame la nature avait fait une fille,
Je vous laisse à penser ce que ç’aurait été.
Toutefois n’allez pas, sur cette sûreté,
Donner de vos revers au projet que je tente,
Me faire une bévue, et rompre mon attente.
Auprès d’Anselme encor nous vous excuserons,
Pour en pouvoir tirer ce que nous désirons ;
Mais si dorénavant votre imprudence éclate,
Adieu, vous dis, mes soins pour l’objet qui vous flatte.
Non, je serai prudent, te dis-je, ne crains rien :
Tu verras seulement…
J’ai commencé pour vous un hardi stratagème.
Votre père fait voir une paresse extrême
À rendre par sa mort tous vos désirs contents
Je viens de le tuer (de parole, j’entends) :
Je fais courir le bruit que d’une apoplexie
Le bonhomme surpris a quitté cette vie.
Mais avant, pour pouvoir mieux feindre ce trépas,
J’ai fait que vers sa grange il a porté ses pas ;
On est venu lui dire, et par mon artifice,
Que les ouvriers qui sont après son édifice,
Parmi les fondements qu’ils en jettent encor,
Avaient fait par hasard rencontre d’un trésor.
Il a volé d’abord ; et comme à la campagne
Tout son monde à présent, hors nous deux, l’accompagne,