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Je viens de tout entendre, et voir ton artifice :
À moins que de cela, l’eussé-je soupçonné ?
Tu couches d’imposture, et tu m’en as donné.
Tu m’avais promis, lâche, et j’avais lieu d’attendre
Qu’on te verrait servir mes ardeurs pour Léandre ;
Que du choix de Lélie, où l’on veut m’obliger,
Ton adresse et tes soins sauraient me dégager ;
Que tu m’affranchirais du projet de mon père :
Et cependant ici tu fais tout le contraire !
Mais tu t’abuseras ; je sais un sûr moyen
Pour rompre cet achat où tu pousses si bien ;
Et je vais de ce pas…

Mascarille

xxxxxxxxxxxxxxxx Ah ! que vous êtes prompte !
La mouche tout d’un coup à la tête vous monte (4),
Et, sans considérer s’il a raison ou non,
Votre esprit contre moi fait le petit démon.
J’ai tort, et je devrais, sans finir mon ouvrage,
Vous faire dire vrai, puisque ainsi l’on m’outrage.

Hippolyte

Par quelle illusion penses-tu m’éblouir ?
Traître, peux-tu nier ce que je viens d’ouïr ?

Mascarille

Non. Mais il faut savoir que tout cet artifice
Ne va directement qu’à vous rendre service ;
Que ce conseil adroit, qui semble être sans fard,
Jette dans le panneau l’un et l’autre vieillard ;
Que mon soin par leurs mains ne veut avoir Célie,
Qu’à dessein de la mettre au pouvoir de Lélie ;
Et faire que, l’effet de cette invention
Dans le dernier excès portant sa passion,
Anselme, rebuté de son prétendu gendre,
Puisse tourner son choix du côté de Léandre.

Hippolyte

Quoi ! tout ce grand projet, qui m’a mise en courroux,
Tu l’as formé pour moi, Mascarille ?

Mascarille

xxxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxxxx Oui, pour vous.