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Scène 6


Anselme, Mascarille

Anselme

Par mon chef ! C’est un siècle étrange que le nôtre !
J’en suis confus. Jamais tant d’amour pour le bien,
Et jamais tant de peine à retirer le sien !
Les dettes aujourd’hui, quelque soin qu’on emploie,
Sont comme les enfants, que l’on conçoit en joie,
Et dont avecque peine on fait l’accouchement.
L’argent dans une bourse entre agréablement ;
Mais, le terme venu que nous devons le rendre,
C’est lors que les douleurs commencent à nous prendre.
Baste ! ce n’est pas peu que deux mille francs, dus
Depuis deux ans entiers, me soient enfin rendus ;
Encore est-ce un bonheur.

Mascarille, à part

xxxxxxxxxxxxxxxx Ô Dieu ! la belle proie
À tirer en volant ! Chut, il faut que je voie
Si je pourrais un peu de près le caresser.
Je sais bien les discours dont il faut le bercer…

Tout haut.

Je viens de voir, Anselme…

Anselme

xxxxxxxxxxxxxxxx Et qui ?

Mascarille

xxxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxxxx Votre Nérine.

Anselme

Que dit-elle de moi, cette gente assasine ?

Mascarille

Pour vous elle est de flamme.

Anselme

xxxxxxxxxxxxxxxx Elle ?

Mascarille

xxxxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxxxx Et vous aime tant,
Que c’est grande pitié.

Anselme

xxxxxxxxxxxxxxxx Que tu me rends content !

Mascarille

Peu s’en faut que d’amour la pauvrette ne meure.
Anselme, mon mignon, crie-t-elle à toute heure,
Quand est-ce que l’hymen unira nos deux cœurs,
Et que tu daigneras éteindre mes ardeurs ?