Sans me nommer l’objet pour qui son cœur soupire
La science que j’ai m’en peut assez instruire.
Cette fille a du cœur, et, dans l’adversité,
Elle sait conserver une noble fierté ;
Elle n’est pas d’humeur à trop faire connaître
Les secrets sentiments qu’en son cœur on fait naître.
Mais je les sais comme elle, et, d’un esprit plus doux,
Je vais en peu de mots te les découvrir tous.
Ô merveilleux pouvoir de la vertu magique !
Si ton maître en ce point de constance se pique,
Et que la vertu seule anime son dessein,
Qu’il n’appréhende plus de soupirer en vain ;
Il a lieu d’espérer, et le fort qu’il veut prendre
N’est pas sourd aux traités, et voudra bien se rendre.
C’est beaucoup ; mais ce fort dépend d’un gouverneur
Difficile à gagner.
Au diable le fâcheux qui toujours nous éclaire !
Je vais vous enseigner ce que vous devez faire.
Cessez, ô Trufaldin, de vous inquiéter !
C’est par mon ordre seul qu’il vous vient visiter,
Et je vous l’envoyais, ce serviteur fidèle,
Vous offrir mon service, et vous parler pour elle,
Dont je vous veux dans peu payer la liberté,
Pourvu qu’entre nous deux le prix soit arrêté.
La peste soit la bête !