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Sganarelle

Vous moquez-vous, monsieur Gorgibus ? Je n’en prendrai pas, je ne suis pas un homme mercenaire. (Il prend l’argent). Votre très-humble serviteur.

(Sganarelle sort et Gorgibus rentre dans sa maison).

Scène IX

Valère, seul.

Je ne sais ce qu’aura fait Sganarelle : je n’ai point eu de ses nouvelles, et je suis fort en peine où je le pourrois rencontrer. (Sganarelle revient en habit de valet) Mais bon, le voici. Hé bien ! Sganarelle, qu’as-tu fait depuis que je ne t’ai pas vu ?


Scène X

Sganarelle, Valère
Sganarelle

Merveille sur merveille : j’ai si bien fait, que Gorgibus me prend pour un habile médecin. Je me suis introduit chez lui ; je lui ai conseillé de faire prendre l’air à sa fille, laquelle est à présent dans un appartement qui est au bout de leur jardin, tellement qu’elle est fort éloignée du vieillard, et que vous pourrez l’aller voir commodément.

Valère

Ah ! que tu me donnes de joie ! Sans perdre de temps, je la vais trouver de ce pas.

(Il sort.)
Sganarelle

Il faut avouer que ce bon homme de Gorgibus est un vrai lourdaud de se laisser tromper de la sorte. (Apercevant Gorgibus) Ah ! ma foi, tout est perdu ; c’est à ce coup que voilà la médecine renversée ; mais il faut que je le trompe.


Scène XI

Sganarelle, Gorgibus
Gorgibus

Bonjour, monsieur.

Sganarelle

Monsieur, votre serviteur ; vous voyez un pauvre garçon au désespoir : ne connoissez-vous pas un médecin qui est arrivé depuis peu en cette ville, qui fait des cures admirables ?

Gorgibus

Oui, je le connois ; il vient de sortir de chez moi.

Sganarelle

Je suis son frère, monsieur ; nous sommes jumeaux ; et,