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LE GUEUX DE MER

tantes de leurs ennemis. L’escadre de don Juan s’avançait contre eux en bon ordre : ses vaisseaux, pareils aux montagnes de glace sous lesquelles gémit la mer du Nord, semblaient devoir écraser du premier choc tout ce qui s’opposerait à leur marche victorieuse. Les tours de Castille, arborées au sommet de leurs mâts, s’élevaient jusqu’aux nues, et à travers les vapeurs grisâtres qui s’attachaient aux vergues et aux cordages, perçaient l’extrémité des grandes voiles et la bouche menaçante des canons.

Guillaume de Nassau jette alors sur Ewout Pietersen Worst un regard plein d’inquiétude : Ne prendrons-nous donc aucune part au danger ? dit-il avec une généreuse impatience : laisserons-nous accabler nos compatriotes, sans combattre et mourir avec eux ? — Nous combattrons, répond le marin d’un air assuré, et Dieu nous donnera la victoire. Sire Louis, faites mettre toutes les voiles dehors.