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LE GUEUX DE MER

liers ; les canons entourés de ceux qui devaient les servir ; la proue chargée des marins les plus alertes et les plus dispos armés de piques et de haches d’abordage ; la poupe abandonnée aux pilotes et aux officiers.

— Prince, dit alors l’amiral, l’instant du combat approche. Ne restez pas à la poupe : c’est l’endroit le plus dangereux, et vous savez combien votre existence est nécessaire à la patrie.

Guillaume répondit en souriant : Brave Worst, nos jours sont comptés ; cependant je ne veux pas m’exposer sans motif, et quelque poste que vous choisissiez, je me tiendrai près de vous.

— La place d’un commandant est ici, répliqua le vieux marin.

— Eh bien ! amiral, nous y resterons ensemble.

Ewout Pietersen Worst se tut, car il sentait qu’il eût pensé de même s’il eût été le prince.

Cependant les vaisseaux espagnols continuaient à longer la côte, mais il s’était introduit quelque désordre parmi eux : car les gueux de mer ayant eu la précaution de détruire pendant la nuit les bouées et les poteaux, les pilotes se dirigeaient au hasard, et chacun cherchait à suivre les sillages des navires qui précédaient : ainsi les deux premières divisions se confondaient peu à peu, et les bâtiments de différentes forces et de différentes nations, espagnols, italiens, portugais et flamands, se pressaient les uns contre les autres et se gênaient mutuellement.