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LE GUEUX DE MER

— Amiral, répondit la baronne (quoiqu’elle éprouvât quelque peine à donner ce titre à un homme si mal vêtu), il vaut mieux être libre sur votre navire que prisonnière dans un palais.

Le marin sourit. — C’est aussi la chance que j’aurais préférée, reprit-il, quoique jamais on ne m’ait offert le choix. Mais d’où vient que ces Espagnols vous avaient attaquées ? seriez-vous aussi du nombre des suspects ?

La baronne releva fièrement la tête : — C’était une vengeance particulière, dit-elle ; jamais la fidélité de la baronne de Berghes n’a pu être mise en question. Sachez que je préférerais la mort à la honte d’être confondue avec des rebelles.

L’amiral, fixant sur elle ses regards pénétrants, répondit avec calme : Mon lieutenant ne vous a probablement pas appris qui j’étais ?

— Je ne lui ai point demandé ; mais, puisque vous êtes Belge et que vous portez le titre d’amiral, je présume que vous commandez la flottille royaliste d’Amsterdam ou de Middelbourg.

— Pas tout à fait. Mais que cela ne vous inquiète point ! je saurai respecter votre sexe et votre rang. Un soupçon terrible s’éleva dans l’esprit de la vieille dame. — Vous n’êtes pas l’amiral d’Amsterdam ni de Middelbourg ! s’écria-t-elle ; qui donc êtes-vous ?

— Je suis l’amiral de Flessingue, Éwout Pietersen Worst.

La foudre tombant en éclats aux pieds de la douai-