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LE GUEUX DE MER

reporté son attention sur ceux qui l’entouraient, et, s’adressant au jeune officier, elle lui demanda par quelle circonstance bizarre elle l’avait rencontré la veille dans une assemblée où personne ne le connaissait.

Louis de Winchestre pouvait désormais ouvrir son cœur à son amante ; il répondit donc sans hésiter : Le hasard me conduisit devant la maison du bourgmestre au moment où y entrait une personne qui m’était bien chère, quoique j’en fusse séparé depuis longtemps. Le désir de me retrouver encore une fois auprès d’elle, de contempler ses traits pleins de charmes, d’entendre le son de sa voix, m’entraîna au milieu de cette nombreuse société : le reste vous est connu…

— Pardonnez, encore une question, reprit la douairière : votre langage est celui d’un gentilhomme ; vous avez le rang d’officier, pourquoi portez-vous les habits d’un pêcheur ?

Le jeune homme rougit. Il m’est impossible de répondre, dit-il d’une voix mal assurée ; mais croyez qu’aucun motif honteux n’a causé ce travestissement.

Il y a de l’amour dans cette aventure, se dit la baronne, et elle se mit à chercher laquelle des dames de l’Écluse pouvait régner sur le cœur du beau marin. Mais, comme toutes celles qui fréquentaient la maison du bourgmestre étaient d’un âge mûr et d’une piété austère, elle ne sut à qui attribuer cette conquête. Heureusement pour Marguerite, la bonne