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LE GUEUX DE MER

renversèrent deux d’entre eux sur l’arène. Jetant alors ses pistolets loin de lui, l’intrépide marin tira son sabre et se précipita sur les deux autres.

Les soldats espagnols étaient braves, et de nombreuses cicatrices attestaient les périls qu’ils avaient affrontés. Déposant à terre leur fardeau, ils se mirent en défense ; mais, quoique souvent ils eussent vu briller le fer d’un ennemi, ils se sentirent troublés à l’approche de ce jeune inconnu, dont les formes athlétiques, la démarche assurée et l’œil étincelant semblaient présager leur défaite. L’un des deux tomba après s’être faiblement défendu, l’autre jeta son sabre et s’enfuit.

Le vainqueur allait le poursuivre. — En panne, en panne, mon lieutenant ! lui cria Dirk Dirkensen, qui arrivait enfin fatigué et hors d’haleine, laissez-moi le plaisir d’en expédier un.

En prononçant ces mots il couchait en joue le fuyard ; et quoique la distance fût considérable, le mousquet pesant et la course de l’Espagnol rapide, la balle alla frapper le but, et le soldat mordit la poussière. Le pilote, appuyé sur le bout de son mousquet, contempla d’un air triomphant les mouvements convulsifs de ce misérable Le voilà enfoncé, dit-il, et il ne reviendra plus sur l’eau ; la main du vieux Dirk Dirkensen ne tremble pas encore, et plus d’un jeune homme serait fier d’avoir tiré ce coup.

Cependant la jeune comtesse, délivrée d’une manière aussi inattendue, était prosternée sur le sable et rendait grâces au Tout-Puissant : sa tante, age-