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LE GUEUX DE MER

secours. L’Espagnol devina son intention. — Il faut nous hâter, dit-il. Que Vos Seigneuries nous permettent d’exécuter nos ordres ! Il ne s’agit que de conduire cette divine personne à la chapelle la plus voisine. La sainteté du lieu et la présence d’un prêtre vous feront assez comprendre la pureté des desseins de notre capitaine ; il n’a voulu que vous épargner les ennuyeuses formalités d’une longue défense.

— Le misérable ! s’écria la jeune comtesse.

Le soldat ne parut point avoir pris-garde à cette exclamation. Il continua du ton de l’indifférence : Le trajet serait un peu fatigant pour vous, à travers ces hautes dunes ; mais nous aurons l’honneur de vous porter.

En achevant ces mots il s’avança pour la saisir : Marguerite éperdue ne prononçait pas une seule parole, ne faisait pas le moindre mouvement ; elle restait pâle et froide comme une statue. Mais sa tante, devenue intrépide à l’aspect du danger, se jetait entre elle et les soldats, les repoussant avec une force qui paraissait au-dessus de son sexe et de son âge, et remplissant l’air de ses cris ; mais elle fut enfin renversée sur le sable. Alors quatre des Espagnols enlevèrent la jeune comtesse, tandis que les six autres, mettant le sabre à la main, marchaient à la rencontre des domestiques qui accouraient trop tard.

C’en était fait de Marguerite : emportée par quatre hommes robustes, auxquels elle ne pouvait opposer aucune résistance, elle se voyait près de tomber