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Le jeune homme pâlit, mais il était prisonnier ; il donna donc, en frémissant, la promesse qu’on lui demandait. Aussitôt le duc, le fit mettre en liberté.

Quelques semaines s’écoulèrent encore avant que Ferdinand de Tolède quittât les Pays-Bas. Au mois de décembre il partit enfin pour l’Italie, emportant le regret de n’avoir pu dompter les Belges et le remords d’avoir inutilement versé des flots de sang. Lorsqu’il fut sur la frontière il rencontra une troupe brillante de chasseurs et de chasseresses, à la tête desquels était Louis de Winchestre, alors seigneur de Gruthuysen, qui après son mariage avait emmené Marguerite dans une terre qu’il possédait en Hainaut. Le duc le reconnut, et s’entretint avec lui jusqu’au moment où il aperçut le poteau fleurdelisé qui indiquait le territoire français. Poussant alors un profond soupir : Adieu ! jeune homme, lui dit-il ; restez dans votre belle patrie que je n’ai pu conserver à mon Roi : vainement prodiguera-t-on les trésors et les soldats pour une entreprise où a échoué Ferdinand de Tolède. Le prince d’Orange l’emporte ; la liberté des Belges est assurée, et, tôt ou tard réunis sous un Nassau, ils ne se souviendront du joug étranger que pour chérir davantage le gouvernement d’un Roi qu’ils pourront, avec un juste orgueil, nommer leur compatriote.


FIN