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— En arrachant une femme à des soldats effrénés, répliqua le jeune homme. Il s’est conduit en homme généreux, et son dernier soupir a été reçu par des amis.

— Ainsi, reprit Ferdinand de Tolède, après un moment de silence, vous avez assisté à ses derniers moments ?

Le Belge fit un geste affirmatif.

— Et il me maudissait sans doute ?

— Il plaignait son père et ne l’accusait pas.

Le duc se couvrit la figure de ses deux mains ; une sueur froide découlait de son front et un tremblement convulsif agitait ses membres. Il resta quelques minutes dans cette situation, puis relevant la tête il reprit :

— Votre histoire m’est connue ; je sais que vous méritez la mort comme rebelle, vous la méritez mille fois pour m’avoir enlevé mon fils. Dites, jeune homme, croyez-vous qu’il y ait des tourments qui puissent assez venger la douleur d’un père ?

Louis de Winchestre ne répondit pas.

— Cependant, continua le duc, je sais aussi qu’Alonzo vous aimait, et que, seul peut-être après moi, vous ne repoussiez point l’amitié du pauvre mulâtre… Je ne frapperai point celui qui fut cher à mon fils… La mémoire d’Alonzo vous sauve la vie… Allez, jeune homme, vous êtes libre.

Le Flamand restait immobile de surprise.

— Je dois à mon souverain, reprit l’Espagnol, d’exiger votre promesse de ne plus porter les armes contre lui.