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se trouvaient à bord les chargèrent à leur tour et reprirent le dessus. Le comte de Bossu, le premier, se jetait l’épée à la main au plus fort du combat ; son vieil ami le comte de Waldeghem semblait avoir retrouvé la vigueur de ses jeunes années, et, animés par leur exemple, les autres combattants se conduisaient aussi en héros.

Sept fois, pendant trois heures, Corneille Dieriksen aborda cette terrible Inquisition, et sept fois il fut repoussé. Les Espagnols, qui s’étaient échauffés, faisaient maintenant des prodiges, et l’ardeur des Belges ne s’était point ralentie ; mais aucun autre vaisseau royaliste n’avait fait son devoir, tous avaient pris la fuite ou avaient amené leur pavillon.

— Retirons-nous, dirent les officiers espagnols au comte de Bossu, nous ne pouvons combattre seuls contre tous : voici deux autres navires qui viennent rejoindre l’amiral hollandais, il faut nous retirer.

Le gouverneur sourit :

— Vous m’avez forcé à combattre, répondit-il, et puisque j’ai tiré l’épée, je ne reculerai point. Que deux, que trois, que dix navires ennemis viennent m’attaquer : ils pourront me prendre, ils pourront me tuer ; mais ils ne feront pas fuir ce lâche Flamand que vous avez tant raillé.

Les officiers baissèrent la tête. Ils avaient mérité ce reproche, et ne pouvaient se justifier que par un courage héroïque : ils attendirent donc avec impatience l’occasion de se signaler.