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à secourir les captifs. Il trouva moyen de faire avertir le comte de Bossu que trois personnes innocentes étaient emprisonnées à bord du navire, et aussitôt la chaloupe du gouverneur vint prendre ces malheureuses victimes, que le capitaine espagnol fut contraint de relâcher.

Le comte de Waldeghem, la baronne de Berghes et Marguerite ignoraient entièrement tout ce qui était arrivé depuis cinq jours ; seulement ils s’étaient aperçus qu’il y avait un grand désordre dans le bâtiment, et ils avaient entendu tirer le canon de détresse. Ils furent bien surpris au moment de leur délivrance de se voir au milieu de trente vaisseaux de guerre, supérieurement équipés. Le navire amiral surtout était d’une grandeur et d’une beauté remarquables : il portait trente-quatre canons de fonte et était monté par près de quatre cents hommes. Les Espagnols l’avaient nommé L’Inquisition, pour braver les habitants des Pays-Bas en leur rappelant la tyrannie à laquelle ils voulaient les soumettre.

Quand la chaloupe qui portait le vieillard et ses compagnes arriva à ce vaisseau magnifique, le pont était couvert d’officiers espagnols et allemands, de gentilshommes de Flandre, de Brabant et de Hainaut. Le comte de Bossu lui-même se tenait à la poupe avec quelques-uns des principaux seigneurs. Il parut vivement surpris de l’extérieur noble des personnes qu’il avait fait délivrer, et surtout ses regards se portaient sans cesse sur le père de Marguerite, dont les traits ne lui semblaient pas