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— Comment se nomme-t-il ? reprit le vieillard.

— Il se fait appeler le Brugeois, dit le second ; on a lieu de croire que c’est un homme de haute naissance, car il ne veut jamais aucune part dans les prises, et le prince d’Orange lui témoigne une estime particulière.

À ces traits Marguerite avait reconnu son amant ; elle rougit et pâlit tour à tour, et, fixant ses regards sur le flibot lointain, elle demeura étrangère à tout ce qui se passait autour d’elle.

Au bout d’une heure on fit redescendre les captifs dans la chambre qui leur servait de cachot ; mais elle.leur parut moins horrible, car ils avaient l’espoir d’une prompte délivrance.

Leur attente fut trompée : la tempête effroyable qui s’éleva sépara les deux bâtiments. Pendant cinq jours le navire espagnol fut le jouet des vents et des flots, sans qu’il fût possible à l’équipage de diriger sa course ! le sixième jour on se trouva dans un détroit formé par deux îles : c’était l’entrée du Zuiderzée. Le vent du nord-ouest continuait à souffler avec violence. Il fallut se résigner à pénétrer dans cette mer intérieure, car les îles où l’on aurait pu aborder étaient au pouvoir des rebelles.

Bientôt on aperçut une grande flotte cinglant à pleines voiles. C’était celle du comte de Bossu, gouverneur de Hollande pour le Roi. On s’empressa de le rejoindre, et les Espagnols se crurent parfaitement en sûreté sous sa protection.

Cependant le généreux second n’avait pas renoncé