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mer, et quoiqu’elle vît bien que toutes les chances fussent contre eux, elle s’efforçait de leur persuader le contraire.

Vingt-quatre heures mortelles, dont le désespoir avait compté tous les moments, se passèrent sans que les prisonniers pussent sortir de la chambre étroite où on les avait enfermés. Enfin, après un jour et une nuit de navigation, on leur permit de monter sur le tillac.

C’était le matin ; le capitaine reposait encore, et le commandement était entre les mains du second, jeune marin de Brême, dont la figure annonçait un caractère doux. Touché du malheur des captifs, il s’approcha d’eux, et leur dit en mauvais flamand : Prenez courage, nous n’arriverons jamais en Espagne. Voyez-vous au loin cette voile ? c’est un navire des gueux qui nous poursuit. J’en ai prévenu le capitaine, mais cet orgueilleux Espagnol refuse de me croire ; dans quelques heures il ne sera plus temps.

Ces mots firent battre avec violence le cœur des prisonniers. — Comment savez-vous, bon jeune homme, demanda le comte, que ce bâtiment soit monté par des patriotes ?

— Je le connais, répondit le marin allemand ; nous sommes passés près de lui hier, en sortant de l’Escaut, et s’il ne nous a pas attaqués alors, c’est sans doute qu’un autre dessein occupait le capitaine, car il passe pour le plus déterminé de tous les rebelles.

Marguerite voulut aussi faire une question, mais elle n’en eut pas le courage.