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pour arrêter l’ennemi commun, cet intrépide étranger teignit souvent du sang espagnol les eaux de cette mer factice.

À la fin de septembre son flibot sortit du port d’Enkhuizen malgré le mauvais temps, et le 3 octobre il mouilla dans l’embouchure de l’Escaut. Le capitaine se fit mettre à terre et s’achemina seul vers l’opulente cité d’Anvers.

Il se rendit dans une rue écartée et s’arrêta devant une maison de peu d’apparence : c’était celle du comte de Waldeghem. Son cœur battait fortement tandis que d’une main mal assurée il soulevait le marteau de la porte. Mais que devint-il en apprenant que le matin même le vieillard, sa fille et sa sœur, invités à déjeuner par le capitaine d’un navire marchand, s’étaient rendus à son bord, et que le perfide marin avait levé l’ancre et les avait emmenés !

Qu’on juge de la douleur et du désespoir de Louis de Winchestre. Le matin il avait rencontré ce navire marchand, portant le pavillon d’Espagne et paraissant se diriger vers le nord ; l’empressement de revoir Marguerite l’avait seul empêché de le poursuivre et sans doute de le prendre : et ce navire portait sa bien-aimée !

Mais quels avaient été les motifs du lâche ravisseur ? Hélas ! le jeune homme ne les devinait que trop. La retraite du vieillard avait été découverte, et l’inquisition allait se ressaisir de sa proie ; une sœur innocente, une fille tendre et dévouée seraient aussi punies d’avoir chéri le malheureux et d’avoir par-