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route qu’ils suivaient était bordée de grands arbres dont les branches à moitié dépouillées par l’automne formaient une voûte au-dessus de leur tête. Quelquefois la lune, apparaissant du sein des nuages, répandait autour d’eux une lumière douteuse ; mais le plus souvent ils chevauchaient dans l’obscurité. Pour comble d’embarras le chemin était humide et glissant, et le vent d’ouest amoncelait des nues épaisses et menaçantes.

Ils parvinrent cependant au sommet de la dernière éminence qui les séparait de la plaine fertile au milieu de laquelle l’Escaut roule ses ondes. Alors une lueur rougeâtre frappa leurs yeux : c’étaient quelques maisons de Malines incendiées par les Espagnols.

Les cheveux se dressèrent sur la tête des deux voyageurs et un froid mortel se répandit dans leurs veines; car, selon toute apparence, ils arrivaient trop tard pour sauver celle qui leur était également chère, et la mort était le moindre des maux qu’elle pouvait avoir éprouvés.

Cependant les rayons de la lune leur montrèrent au loin des casques brillants : tous deux tirèrent l’épée, tous deux poussèrent aux soldats qu’ils avaient aperçus : altérés de vengeance, ils ne songeaient qu’à donner et à recevoir la mort.

Mais quand ils furent plus près des Espagnols, quand ils virent deux femmes se débattre contre eux, un nouveau sentiment, une espérance, quoique bien faible encore, fit palpiter leurs cœurs. Si c’était Mar-