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ami de son aïeul, et de son père, Gidolfe de Bruges, qui était mort en brave dans la glorieuse journée de Saint-Quentin ; mais il fut touché jusqu’aux larmes quand le jeune homme lui apprit le sort de sa fille et les vives inquiétudes qu’elle éprouvait pour lui. Il ne pouvait se lasser d’entendre louer ses grâces et surtout ses vertus, et Louis de Winchestre trouvait un plaisir égal à parler de Marguerite.

Cependant le soleil apparaissait radieux aux sommets des montagnes dont l’horizon était borné ; le beau spectacle du réveil de la nature se déploya aux regards des fugitifs : saisis d’admiration, ils le contemplèrent quelque temps en silence ; puis le vieillard, levant les mains au ciel, s’écria avec enthousiasme : Bel astre, que je n’espérais plus revoir, quelles souffrances ne ferait pas oublier l’influence bienfaisante de tes rayons ! tu ramènes la chaleur et la vie dans mes membres épuisés, tu rends à mon âme le courage et l’espoir. Les hommes ne m’ont parlé que des vengeances de Dieu : toi, tu me montres sa bonté et sa miséricorde.

Un étranger entendit ces derniers mots ; c’était un prêtre encore jeune, que le feuillage touffu de quelques oliviers dérobait aux regards des voyageurs. Il sortit de derrière les arbres qui le cachaient et s’approcha. Sa figure était douce et modeste, son costume indiquait une médiocrité voisine de l’indigence ; mais il avait dans ses gestes et dans son regard quelque chose de noble et de majestueux, il eût été difficile en le voyant de lui refuser de la confiance.