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pitants d’espérance et de joie, et se virent bientôt hors du fatal édifice où ils avaient eu l’audace de s’introduire.

L’endroit où ils se trouvaient était solitaire et planté de grands arbres : les fugitifs s’y arrêtèrent un moment pendant que Carino retournait chercher sa fille… Ils l’attendirent plus longtemps qu’ils n’avaient cru devoir le faire ; et, quand le malheureux père revint, il était seul, et des taches de sang souillaient sa figure.

Sans montrer ni douleur ni empressement, il roula une énorme pierre dans la fente, de manière à dérober aux regards des inquisiteurs le chemin qu’il avait suivi. Dirk Dirkensen l’aidait en silence et n’osait l’interroger, car son malheur ne paraissait que trop certain.

— Elle est morte, dit enfin l’alguazil, et avec elle s’est évanouie ma dernière espérance ! Trois des misérables qui me poursuivaient ont mordu la poussière sous mes coups, mais je ne pouvais plus dérober ma fille évanouie à la foule d’ennemis qui me pressait. Je l’ai du moins arrachée au déshonneur et à la captivité. Elle est libre, Dirk ! elle est pure ! elle est auprès de sa mère !