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parents et de ses amis ; et quand le moine eut satisfait à ses questions avec l’apparence de la fermeté, il l’engagea à s’accuser lui même, afin de ne point encourir la peine des obstinés. Mais le franciscain, d’un air sombre et avec toute l’énergie du désespoir, répondit :

— Je suis innocent ; que Dieu pardonne à mes persécuteurs !

Le promoteur reprit :

— Vous avez à vous défendre ; voulez-vous un conseiller ?

L’accusé fit un signe affirmatif. Aussitôt un homme à la figure des plus ignobles, vêtu en avocat, vint se placer à côté de lui. Le moine le regarda d’un œil dédaigneux :

— Est-ce là mon défenseur ? dit-il.

— Très cher frère, répondit le soi disant avocat en s’inclinant profondément, je suis votre conseiller : il ne m’appartient pas de vous défendre, mais de vous donner de bons avis ; fiez-vous à moi et je vous sauverai.

Le prisonnier leva les épaules et répliqua d’une voix ferme :

— J’attends mon salut d’en haut.

Le prétendu conseiller s’agenouilla devant le franciscain, et, affectant de pousser des soupirs :

— Ah ! mon frère, s’écria-t-il, voyez la douleur que m’inspire votre sort, voyez couler mes larmes ; laissez-moi vous délivrer, je vous en conjure !

— Que faut-il faire ? demanda le captif.